Quelle que soit la stratégie adoptée par le professionnel de santé, une attitude globale non stigmatisante est recommandée pour aborder la question des consommations de substances psychoactives : éviter les jugements moraux, les recommandations péremptoires, les menaces est fondamental pour avoir une chance de créer une alliance thérapeutique. Durant l’entretien, un équilibre est à trouver entre silence et monopolisation de la parole : il s’agit de laisser la personne développer son discours et ses arguments, tout en intervenant régulièrement pour la valoriser et positiver. Pour réussir son intervention, le professionnel de santé gagne à être « aux côtés » de la personne, quittant sa position de « sachant » pour une posture d’accompagnant.

Conseil et information

Dans tous les cas, le professionnel de santé de premier recours peut apporter au patient de l’information et des conseils simples. Cela consiste à transmettre de l’information valide au patient, qui se met parfois dans une situation à risque. Prévention de la conduite automobile ou à deux-roues sous l’influence de substances psychoactives, information sur le « bad trip », sur des comportements à risque  tel que les polyconsommations, les rapports sexuels non protégés… sont autant de points qui peuvent être abordés. Cette information peut être complétée par la mise à disposition de documents pour les patients, comme ceux édités par Santé publique France.

Intervention brève

Lorsqu’un usage est repéré mais que les réponses de l’usager ne suggèrent ni dépendance, ni dommage majeur, le professionnel de santé peut réaliser une intervention brève motivationnelle. Cette intervention a pour objectif de favoriser la réflexion, l’auto-observation et l’auto-changement.

Plutôt que d’intensifier l’information pour convaincre l’usager, l’intervenant, dans une posture d’empathie et dans une approche motivationnelle, adapte ses questions et ses informations :

    • au niveau estimé de nocivité de la consommation ;
    • au niveau de connaissance du produit consommé ;
    • au niveau de satisfaction procurée par l’usage ;
    • et au niveau de motivation au changement de l’usager.

L’efficacité de cette intervention tient à la capacité du soignant à dénouer l’ambivalence du patient quant à son usage, à déjouer d’éventuelles résistances au changement, en faisant preuve d’empathie à l’égard de la situation de la personne. Le soignant pourra développer les divergences, « rouler avec la résistance » et développer le sentiment d’efficacité personnelle. Les stratégies de ce type d’entretien sont :

    • poser des questions ouvertes
    • valoriser
    • pratiquer l’écoute réflective
    • résumer

Si le patient a, selon la grille du DSM V, un « trouble d’usage peu sévère » (pas de dépendance ou faible dépendance), avec un faible impact psychosocial et la persistance d’étayages, l’intervention brève peut suffire à faire basculer la situation vers un meilleur contrôle des consommations. Dans le cas de personnes qui ont une dépendance plus forte, dont les impacts psychosociaux sont plus sévères, l’intervention brève peut servir de porte d’entrée dans le parcours de soins.

Approche systémique

L’approche systémique porte une vision globale, dans le présent, sur la situation des personnes dans un contexte à un moment donné. Elle regarde le symptôme en tant qu’une des clefs de compréhension du fonctionnement des systèmes où se trouve la personne demandeuse d’aide : famille, couple, travail, société… Elle se décentre du comportement d’addiction, poursuite ou arrêt, pour s’intéresser à sa fonction positive pour le système.

Les techniques d’intervention qui s’y rattachent prennent en compte les interactions relationnelles et les ressources de chacun pour amorcer et soutenir un processus de changement.

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Comment réduire les risques de la consommation ?

Lorsque le patient n’envisage pas de réduire sa consommation, une approche de réduction des risques liés à la consommation peut être mise en œuvre. Voici quelques conseils à transmettre :

    • Éviter de mélanger cannabis et tabac
    • Éviter l’usage quotidien et intensif
    • Éviter l’usage dès le matin
    • Éviter d’utiliser des filtres à cigarettes, qui augmentent la part de goudrons (+ 60% de goudrons)
    • Éviter de retenir la fumée dans les poumons (hausse de la part de goudrons et de substances cancérogènes en contact avec le système pulmonaire)
    • Éviter d’inhaler trop profondément (pour réduire la quantité de THC absorbée)
    • Éviter de mélanger cannabis et alcool ou cannabis et autres drogues illicites (cocaïne)
    • Retirer les tiges et les feuilles du mélange consommé
    • Éviter de frapper des douilles (consommation sous forme de « bhangs » ou pipes à eau), de consommer avec des bouteilles en plastique/pipes/aluminium (fumée toxique)
    • En cas d’usage de bhangs ou de pipes à eau, procéder à un nettoyage systématique
    • Éviter de consommer en cas d’antécédents personnels et/ou familiaux de troubles mentaux
    • Éviter de conduire après avoir consommé du cannabis, surtout en association avec l’alcool

 

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