L’usage de benzodiazépines (BZD) est un phénomène très fréquent chez les usagers de drogues et peut engendrer une situation d’addiction. Nous pouvons distinguer les BZD à demi-vie courte (moins de 12h), qui ont un plus fort potentiel addictif, et les BZD à demi-vie longue (plus de 24h).
Les indications d’un traitement par BZD sont principalement les troubles anxieux aigus ou chroniques, les insomnies, l’aide au sevrage alcoolique ou encore une dépendance aux BZD.
Pourquoi les usagers de drogues consomment des BZD ?
Les BZD sont régulièrement utilisées afin de lutter contre l’anxiété. Sachant que chez les usagers de drogues, la prévalence est 3 fois supérieure à la population générale, il n’est pas rare de retrouver cette association. En outre, une consommation des BZD peut également être observée chez les usagers de drogues pour :
- son action sur l’humeur dépressive
- réduire les « voix dans la tête »
- potentialiser l’effet des traitements de substitution aux opiacés (TSO)
- soulager les symptômes de manque aux opiacés
- ou encore accompagner la « descente » suite à une prise d’amphétamines, d’ecstasy, de crack ou de cocaïne
En cas de mésusage, la consommation des BZD peut résulter de la recherche de la « défonce » ou être un moyen de faciliter le passage à l’acte.
Les risques aigus accompagnant une consommation de BZD sont des problèmes de somnolence, l’apparition d’un état confusionnel, de dépression respiratoire et de coma. Ces risques doivent être appréciés au cas par cas.
Face à toute demande de BZD d’un usager sous traitement de substitution aux opiacés (méthadone et buprénorphine haut dosage), il est nécessaire d’évaluer la situation du patient en terme d’addictions et de rechercher une pathologie psychiatrique sous-jacente.
Co-prescription de méthadone et BZD
Les BZD ne sont pas un traitement d’appoint de la dépendance aux opiacés. En effet, un an après l’instauration d’un traitement à la méthadone, quand le patient a atteint une certaine stabilité, les études montrent une diminution de la consommation préexistante de BZD.
Il faut retenir la plus faible posologie efficace de BZD
Quels éléments pour le diagnostic de dépendance aux BZD ?
Les éléments pour le diagnostic de dépendance aux BZD sont :
- l’évaluation d’une dépendance préexistante du patient à d’autres substances (opiacés, alcool…)
- une consommation quotidienne de BZD supérieure à 3 mois
- une escalade des doses et une perte de contrôle sur sa consommation
- une consommation de BZD à demi-vie courte
Sevrage des BZD ou réduction des posologies : quel protocole ?
Les différentes étapes pour un sevrage ou une réduction des posologies sont chronologiquement :
- L’identification des objectifs avec le patient : arrêt ou contrôle de la consommation
- La stabilisation au préalable du patient / dépendance aux opiacés avec une posologie adéquate de méthadone
- Si mésusage : le fractionnement de la dispensation de BZD en pharmacie
- Informer le patient sur les risques de surdose
- Le changement de molécule : choix d’une BZD à demi-vie longue (diazepam, prazepam) ou alternative médicamenteuse : neuroleptiques sédatifs, miansérine.
- Sevrage hospitalier dans les cas complexes
- Recours à un CSAPA si nécessaire (forte comorbidité psychiatrique, désocialisation)
- Alternatives non médicamenteuses : psychothérapies, relaxation, hygiène de vie